Fondation REVIE : « Mission Zéro-Chômeur »
Sortie sur le terrain

Développement local : Le visage hideux de la pauvreté au Burkina Faso

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Développement local : Le visage hideux de la pauvreté au Burkina Faso

Le Burkina Faso est riche de ses hommes et de ses femmes, mais peine à s’autosuffire dans le domaine alimentaire. L’agriculture conventionnelle, principale activité du pays, telle que pratiquée par les populations n’arrivent pas à couvrir les besoins de tout le pays. La faute à des saisons pluvieuses instables mais aussi à l’absence de modernisation de la production. Les difficultés sont multiples, les solutions peu nombreuses et la pauvreté persiste. La Fondation RAVI s’investit à trouver de l’emploi, à créer des richesses et à redonner de l’espoir à des millions de burkinabè qui l’ont perdu depuis des années.  

Encore aujourd’hui, on parle de la famine au Burkina Faso. Des millions de personnes sont en situation d’urgence alimentaire surtout dans les régions du Nord et du Sahel. La sécurité alimentaire demeure un sujet d’actualité. Pour un pays essentiellement agricole, les chiffres de la production agricole laissent perplexe. Le bilan de la campagne écoulée indique une baisse de 2,92 % de la production par rapport à la campagne 2019 selon les chiffres du ministère en charge de l’agriculture. Dans ces conditions, il est fort à parier que le bout du tunnel n’est pas pour maintenant. Au-delà de tout cela, ce sont les chiffrent de la pauvreté de façon générale qui interpellent. L’incidence de la pauvreté alimentaire au Burkina Faso est de 57.7% et celle de l’extrême pauvreté de 11, 1% selon l’Institut national de la statistique et de la démographie (INSD). Toutes ces personnes sont en majorité des femmes et vivent en milieu rural.

Développement local : Le visage hideux de la pauvreté au Burkina Faso

 

Loin des chiffres et autres calculs savants, la réalité sur le terrain est encore plus alarmante. Pitmoaga, village situé dans la commune de Kokologho à une cinquantaine de kilomètre de Ouagadougou. Ici, vit le vieux Waongo NIKIEMA depuis huit décennies. Du tabouret d’où il est assis, il regrette l’époque où il y avait beaucoup d’eau dans le village pour leur activités agricole. Cette année, il ne sait comment faire pour survivre jusqu’à l’hivernage prochain. Les récoltes ont été maigres à cause d’une pluviométrie instable : « Ce que nous avons semé a été dévasté dans un premier temps par les eaux de pluie abondantes, puis les plants qui ont survécu ont été ravagés par la suite par le soleil et le manque d’eau », se lamente-t-il. Pourtant l’octogénaire de 21 enfants aurait pu compter sur la main d’œuvre de sa progéniture si celle-ci ne s’était pas immigré vers d’autres contrés à la recherche du mieux-être, lui qui dispose de dizaines d’hectares de terres n’ont exploités. Il ne veut pas être pessimiste mais il ne pense pas avoir cinq ans encore à vivre dans ces conditions. Même de savoir qu’un de ses fils vient de rentrer, il y a à peine huit jours, de la Côte d’Ivoire ne le console point. Ce fils, Pogbi, 23 ans, n’a pas poursuivi ses études. Comme il le dit lui-même, il est parti de l’école de son plein gré pour aller à l’aventure ; une aventure qui s’est soldé par un échec. Tout éhonté, il avoue : « je suis allé en Côte d’Ivoire pour travailler dans les plantations. J’ai cultivé le Café, le Cacao, le riz et j’ai eu ce que je pouvais avoir (…) Je suis revenu pour travailler chez moi, c’est mieux ». Malheureusement, il est confronté comme beaucoup d’autres aux problèmes de manques d’eau et d’outils de production.

Développement local : Le visage hideux de la pauvreté au Burkina Faso

 

Pas d’eau, pas d’outils, pas de sécurité (Burkina Faso)

Après trois, voire quatre mois, d’activités agricole, les jeunes sont souvent contraints à l’inactivité pendant toute la saison dite sèche qui dure huit mois environ. Dans les villages de Sika (Kongoussi), Tougou et Solgom (Ouahigouya), dans la région du Nord, les jeunes s’adonnent à l’élevage et à la production maraichère en cette période. Mais ils sont généralement vite découragés par le manque d’outils de production, soit de barrage ou de forage, et de déboucher commerciaux. Ces difficultés sont également vécues par les femmes qui, même en groupement, n’arrivent pas à produire suffisamment et même à commercialiser le peu qu’elles arrivent à produire. De l’aveu de quelques-unes d’entre elles, ils subsistent des disputes de « genre » avec les jeunes hommes qui pendant qu’elles cherchent l’eau pour la boisson, veulent la même eau pour leur bétail. A cela est venu s’ajouter les menaces terroristes. Du témoignage de la représentante des femmes de Sika, « beaucoup de femmes ont fui leurs champs en pleine saison à cause des attaques terroristes ».  

Le problème de commercialisation est d’autant plus crucial que les producteurs, hommes comme femmes n’arrivent pas à tirer un bénéfice de leur activité, tant les dépenses pour l’engrais, ajoutés au prix de semences, dépassent parfois le revenu après-vente. Et cela est exacerbé par la présence de plusieurs intermédiaires qui fixent les prix à la place des producteurs. Si à Tougou et Solgom, les producteurs n’arrivent pas à s’en sortir, c’est dû au fait que les acheteurs ghanéens de leurs tomates, oignons, pomme de terre ou haricot vert sont les seuls qui dictent leur loi sur le marché, foi de Sékou OUEDRAOGO, Président CVD de Solgom (Burkina Faso). Et comme il vaut mieux faire contre mauvaise fortune, bon cœur, ils se résolvent à accepter cette situation tout en espérant des lendemains meilleurs.

La misère au féminin (Burkina Faso)

A la recherche de la pitance quotidienne, tous les moyens sont bons. Activité illégale, dégradante ou non rentable, tout est bon à prendre. Au péril de sa vie, Tibo Nikiema, la soixantaine révolue, brave le froid glacial du mois de janvier, les embuches et les reptiles pour couper du bois afin de le revendre et s’occuper de ses petits-enfants. Pour cette veuve de Ouidi, dans la commune de Saponé(Burkina Faso), localité périphérique de la ville de Ouagadougou, elle n’a ni mari ni enfant pour lui offrir à manger. A la fête de noël 2019, le père noël n’est pas passé par là. Elle a été incapable d’offrir à ses petits-enfants, les petits souliers qu’ils réclamaient tant. Son activité, elle la sait illégal, et même si elle préfère en ironiser, elle sait qu’en voulant juste se nourrir elle crée des problèmes à la nature. Mais elle préfère « continuer ainsi que d’aller voler ». Si Tibo a fini de boire le calice jusqu’à la lie, Madeleine elle, goutte à sa situation comme la potasse alimentaire qu’elle commercialise. A 46 ans, elle n’a pas passée une bonne saison agricole comme tous les autres. La seule activité qui lui reste c’est la commercialisation du jus obtenu en mélangeant l’eau à la cendre des épis de maïs. L’activité est harassante, même dégradante pour elle. Mais elle n’a d’autre choix. Même si la vente de ce soluté ne peut lui permettre d’acheter une seule chaussure, elle n’entend pas lâcher prise. A la question de savoir si elle se sent capable de faire autre activité, elle s’en offusque presque : « Ce que je fais en ce moment, je n’ai pas étudié à l’école pour le faire, si on m’apprend à faire autre chose, si j’ai les moyens pour faire autre chose, évidemment je serai capable ».

Développement local : Le visage hideux de la pauvreté au Burkina Faso

 

La réponse FAST JOB AND FOOD,

Entre les jeunes qui fuient leurs localités pour les sites d’orpaillages et les femmes qui bravent le danger pour survivre, une autre vie est tout de même possible. C’est ainsi que pense la Fondation RAVI. Cette fondation créée depuis quatre ans surfe sur les vagues de l’élan patriotique cher à son Fondateur. « Rendre ma localité Vivable et Agréable », est son crédo. Cette vision, Salam OUEDRAOGO l’entretien et la nourrit à travers des concepts savamment étudiés et éprouvés. La vision est centrée sur la satisfaction des besoins de l’Homme, par lui-même. Il s’agit d’investir sur le potentiel humain du Burkina composé à 88% de jeunes pour impulser le développement durable. Etant un concept global la vision de la fondation RAVI a deux composantes. Une première consacrée à la levée de fonds pour financer des projets, appelé UNITHON et une deuxième, dénommée FAST JOB AND FOOD. Fast Job and Food consiste à équiper une population d’une localité donnée et lui offrir le savoir-faire nécessaire pour lui permettre de produire en 5 mois seulement de la nourriture et des emplois locaux de masse d’une part et d’autre part de satisfaire à tous ses autres besoins vitaux pour la vie intégral, dans le but non seulement d’assurer sa sécurité et son autosuffisance alimentaire mais aussi et surtout son autonomisation durable toute en rendant la localité attractive.

Son objectif est d’œuvrer à travers l’Aquaculture, l’Agriculture et l’Aviculture (Les 3 A) à améliorer de façon rapide, significative et durable les conditions de vie des populations rurales et déplacées internes en générant 500 emplois durables et en rendant les localités attractives. En effet, l’activité se développe autour de la pisciculture pour s’étendre à l’agriculture en passant par l’aviculture, etc. Il s’agit de mettre en place un système de production piscicole intensive intégré à l’agriculture, utilisant l’énergie productive et tenant compte des exigences ou besoin du marché locale et régionale. La collecte de fonds à travers UNITHON permettra d’abord la réalisation de forages pour l’eau de boisson et aussi pour la production agricole. Ensuite il s’agira de mettre en place une écloserie d’alevins puis des bassins de grossissement des poissons pour produire en masse du poisson pour la consommation et aussi pour la commercialisation. Un système d’irrigation est enfin mis en place pour conduire les eaux des bassins à poisson, riche en minéraux organiques, vers les champs pour l’agriculture bio et la culture maraichère. Le déploiement de ces initiatives se font progressivement sur le terrain et la fondation nourrit de grandes ambitions pour 2020. Déjà les localités de Pitmoaga, Bancoré, Yalgtenga, Ouidi, Sika, Kangrin, Tougou et Solgom sont en tête de liste pour recevoir des projets. Certains ont déjà été entamés et d’autres en cours. Les discussions avec les populations bénéficiaires donnent des motifs de satisfactions selon le président de la Fondation, car ces derniers se sont déjà appropriés le concept.  Elle espère désormais pourvoir mobiliser suffisamment de financement, de façon urgente, auprès des partenaires financiers, des amis et mêmes les bonnes volontés, pour financer ces projets au profit des jeunes et des femmes qui pour certains ont déjà été formé et n’attendent qu’un accompagnement financier pour lancer leurs entreprises. C’est au prix de ces initiatives, pense le président, que le Burkina Faso pourra quitter cette pauvreté endémique qui n’a que trop duré.

 

 

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